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MADAME LORENZA


— « Je ne suis ni saoul, ni fou, » répliqua-t-il ;
« Qui a été dans la chambre de Rosina ?
» — Moi, » reprit-elle, « voyez, j’ai fait le pain,
» Et je ne suis pas sortie de la cuisine…
» — Mais n’as-tu pas entendu certains cris étranges ?
» — Ce sont les chats, qui crient parfois comme des Chrétiens. »

Notre Rodomont, mal satisfait,
Retourne faire la ronde sur les escaliers ;
Mais Apollon, sortant tranquillement des ondes,
Répandait à l’horizon des flots de lumière :
Masuccio, désespérant de réussir dans son entreprise,
L’abandonna ; ses armes le fatiguaient.

Il rentre dans sa chambre, et médite
Mille et mille projets de vengeance.
Après de longues réflexions, il se décide enfin
À se transporter en toute hâte au palais ducal,
Et à rapporter un fait si atroce et si noir
Au grand Marco Basetta Refenero.

Cette résolution prise, il s’habille de pied en cap,
D’un vêtement qui avait été bleu jadis ;
Il met sa perruque des jours de fête,
Et une belle chemise blanche ;
Il court au palais, et, à un chambellan qu’il voit,
Il demande une audience de l’Empereur.

Le courtisan le regarda un peu au visage,
Se frotta les mains un petit moment,
Branla la tête, fit la moue,
Puis s’écria : — « Vous êtes fou !
» Vous voulez une audience ? Et à cette heure ?
» L’Empereur vient de se mettre au lit à l’instant.