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MADAME LORENZA


À la fin, il poussa un si affreux juron,
Que le diable en fut scandalisé !
Il réfléchit, puis il dit : — « Ah ! je n’y comprends rien !
» Cette histoire me paraît assez embrouillée !
» Dormir et ne pas entendre !… c’est chose étrange !
» Il faut avoir l’oreille bien dure ! »

Cependant, il avait sauté à bas du lit tout nu ;
Il s’habilla en toute hâte, et, le visage renfrogné,
Il prit une longue épée, un poignard,
Deux pistolets, une lance, une arquebuse,
Et, devenu ainsi un véritable arsenal,
Il se mit à faire la ronde à travers les escaliers.

Et il cria : — « Où est ce vilain âne
» Qui va de nuit embêter les femmes ?
» Montre-moi ton affreuse face,
» Espèce de Mars manqué !… Mâchonneur d’Eleison !
» Qui que tu sois, ne te cache pas, sors,
» Je te veux mettre tes boyaux dans la main ! »

Mais le Chapelain avait fermé sa porte
Et laissait l’imbécile crier en vain.
Après avoir passé sur le ventre de la servante,
Le Capitaine s’était remis au lit ;
Il se leva, et, poussant le verrou,
« Chante ! » se dit-il à part, « chante, nigaud ! »

Voyant que personne ne fait attention à lui,
Masuccio descend retrouver sa servante :
À tout ce que lui demanda son maître, celle-ci
Répondit, le visage tranquille :
» Le vin fait-il sur vous son effet accoutumé ?
» Ou bien avez-vous sali votre lit ? »

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