Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
MADAME LORENZA


Déjà il a baisé une lèvre vermeille,
Chose à enivrer les cœurs les plus froids ;
Déjà il a mêlé sa puante haleine à ce souffle
Dont le parfum l’emporte sur celui des fleurs,
Et… ô plaisir digne des Dieux suprêmes !
Il embrasse Rosina, il est serré dans ses bras.

La pauvre fille, qui dormait sur le dos,
Croit que c’est sa bonne servante qui l’embrasse ;
Alors le Moine abaisse sa main impure
Jusqu’aux lieux où l’Amour réside comme dans son palais ;
Pulchra femora divaricare aggreditur,
Conscendit in eam
et se prépare au grand œuvre.

Voici qu’il approche du but charmant
Sa lance, dès longtemps habituée à pareils coups ;
Il se laisse aller, énorme fardeau,
Sur l’aimable fillette endormie,
Et, d’un violent effort, il rompt les barrières
Qui fermaient l’accès du plaisir.

Elle s’éveille, jette un cri, et telle
Qu’un ressort d’acier qu’un fil de fer a comprimé,
Elle saute en l’air avec élasticité ;
Pour se soustraire au poids effrayant qui l’accable,
Elle abaisse son ventre, puis le soulève, et remuant
Les reins, elle secoue et désarçonne l’ignoble amant.

Ô tourment ! Ô douleur ! il était sur le point
Veneris aram inundare
Prolifico liquore
 : la violente secousse
Qui lui fit quitter la selle lui fut bien pénible ;
Il se tut, et in linteis il acheva
Le sacrifice furtif et imparfait.