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MADAME LORENZA


Rosina était fille de Masuccio,
Vierge, chaste, pudique et innocente.
Avec elle partageait son lit
Une servante fraîche et avenante,
Mais, de ces beautés communes
Descendues depuis peu de la Falterona.

Le moine et le guerrier ne tardèrent pas
À jeter leur dévolu
Sur la belle Rosina ; le dieu d’Amour
De ses flèches leur perçait le cœur à chaque instant,
Et leur tenait des heures entières l’esprit occupé
De projets analogues à leur métier.

Toutes les fois que la belle fille
En allant à sa chambre remontait l’escalier,
Ils venaient sur leurs paliers, et les yeux
Pleins d’admiration, la tête en l’air,
Ils s’efforçaient de découvrir le beau pays
Où le harnais masculin cherche à se loger.

« Oh ! qu’il soit mille fois béni, »
S’écriait à tout moment le Franciscain,
« Le brave et habile architecte
» Qui a fait des escaliers si droits !
» C’est grâce à lui que la toile envieuse
» Ne cache pas à mes yeux de si beaux trésors.

» Mais… le Capitaine, plus heureux que moi,
» Demeure plus bas et prolonge sa jouissance.
» Ah ! comme je le vois rester là planté !…
» La tête en l’air !… Et comme il allonge le cou !…
» Pendant qu’elle gravit quinze marches, il peut m’enlever
» Le plaisir de contempler de si belles formes.