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MADAME LORENZA


Le duc de la Forêt Noire était un bonhomme
Qui avait peur de Marco Basetta ;
Et comme, ainsi que tout homme de bien,
Il cherchait à éviter les ennuis,
Il supporta péniblement l’obligation
De loger ce fou dans son palais.

Marco Basetta crut lui faire honneur
Et s’installa chez lui avec sa Cour ;
Un édit imprimé fut aussitôt publié
Qui fit blasphémer tout le pays ;
Aux officiers, tant d’infanterie que de cavalerie,
Les habitants devaient donner le logement.

Un certain Masuccio, avec sa femme,
Sa fille et une servante, habitait là ;
Et le sort leur donna pour hôtes
Un homme de robe et un guerrier,
C’est-à-dire le chapelain du régiment,
De l’ordre des Franciscains, et un capitaine.

Quatre petites chambres dans une tour, une au rez-de-chaussée,
Une au premier, au second et au troisième étage sous le toit,
Une cuisine auprès d’un gentil petit jardin,
Composaient leur très étroite demeure,
Et, pour monter, il y avait trois escaliers se faisant suite,
Raides, construits sur un des côtés.

Le bon Masuccio avec sa femme résolut
De rester au rez-de-chaussée ; il donna au capitaine
Habitué à de plus riches appartements
Le premier, et au Franciscain le second étage.
Du troisième, avec son charmant minois,
L’angélique Rosina faisait un paradis.