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MADAME LORENZA


Le grand Alcide courait après les jupes ;
Le vaillant Achille se délassait avec Briséis ;
César subjuguait autant de beautés Romaines
Et étrangères qu’il en pouvait trouver ;
Et Marc-Antoine, pendant son séjour en Égypte,
S’en donna tant, qu’il y trouva la mort.

Ce n’était pas un coureur de femmes, que ce pieux Troyen
Que Virgile dépeint comme un lourdaud,
Qui était toujours, le rosaire en main,
À pleurnicher devant Jupiter à la grande barbe ;
Mais, à la fin, il s’enflamma pour la belle Lavinie ;
Il se fit rappeler à l’ordre par l’Église, et l’épousa.

Le fils de Philippe, en conquérant
La Perse, avait toujours quelque nouvelle maîtresse.
Roland fit pour les femmes mille folies,
Et Renaud en fit presque autant.
Henri quatre combattait à pied et à cheval,
Puis il couchait avec la belle Gabrielle.

Ce ne sont pas seulement les généraux, les guerriers de haut rang

Qui s’empressent de rechercher cette distraction ;
Mais encore les petits héros, les subalternes,
Se permettent de tels divertissements.
Toujours les petits ont singé les grands,
Comme vous le verrez par le fait que je vais vous conter.

Marco Basetta, dit Refenero,
Était empereur de Cischeri ;
Dur, arrogant et cruel par nature,
Il malmenait les uns, menaçait les autres,
Et souvent, comme c’est la coutume des batailleurs,
Il se faisait donner rudement sur le museau.