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MADAME LORENZA


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CHANT PREMIER


La guerre est chose affreuse ! Alors qu’en sa colère
Le Dieu des combats tord ses moustaches,
Brandit comme un fou son sabre ensanglanté,
Taille les armées en morceaux comme des raves,
Abat les murailles, et de tous côtés répand
La faim, la misère, le deuil et les larmes,

Vénus, sa compagne inséparable,
Le suit, et quand la querelle s’échauffe,
Pour se faire belle dans un ruisseau elle se baigne,
Elle ajuste ses vêtements, arrange sa blonde chevelure,
Puis, parcourant avec lui tout le pays,
Elle l’infeste de viols et de mal Français.

Lorsque, cantonnées dans quelque ville,
Qu’elles soient de passage ou en quartiers d’hiver,
Les armées vaincues ou victorieuses y séjournent,
Il se fait à cause d’elle un charivari perpétuel :
Les femmes, de l’Orient à l’Occident,
Ont toujours été le passe-temps des héros.

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