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LE MORT


Le Chancelier, tout bien pesé,
Après avoir admis le coupable à présenter sa défense,
Et bien qu’il le jugeât à moitié fou,
Ne put retarder sa sentence,
Et le moins qu’il put faire, fut de condamner le père
À avoir le cou allongé de quatre doigts.

Déjà sur la table royale l’arrêt
Rendu contre ce pauvre diable était par écrit,
Et, à la première réunion du Conseil,
Le Roi se préparait à y mettre son seing,
Quand le noble sang de Nabuchodonosor
Parla au cœur du duc Zamberlucco.

Et il ne lui laissa pas un moment de repos
Tant qu’il ne l’eut amené en présence du Monarque,
Où, par un mouvement noble et généreux,
Il retraça la terrible scène,
Dans laquelle, pour venger son honneur offensé,
Il avait de frère Marco été le meurtrier.

Sur les traits de ce sage monarque
Se peignirent aussitôt la colère et la sévérité ;
Mais ensuite, en apprenant de quelle manière
Avait marché cette histoire extravagante,
Il voulut en vain retenir ses éclats de rire
Qui firent presque rompre sa ceinture.

Il se remit, et, grondant son favori,
Le menaça de lui faire perdre la tête
S’il retombait dans la même faute ;
Il écrivit ensuite une lettre et l’envoya
Au Chancelier ; grâce à elle, délivré de ses liens,
Le père Buti recouvra aussitôt la liberté.