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DU PRÊTRE ULIVO


— « Mais lesquelles ? » reprit le Saint. — « Oh ! en premier lieu,
» Sachez que j’ai grand plaisir, le soir,
» En hiver, à passer des heures auprès du feu,
» À jouer au trente-et-un ou à la prime ;
» Je ne joue rien avec ces villageois
» Ou bien nous jouons des dragées et des biscuits.

» Mais ces grands fainéants, de bonne heure au lit
» Veulent aller ; que le ciel les maudisse !
» Si j’y vais, moi aussi, je reste toute la nuit éveillé.
» Rester seul debout est pour moi un ennui,
» Et dans cette saison, pendant ces jours noirs,
» Il ne passe ni voyageurs, ni étrangers.

» Jouer avec ses serviteurs n’est pas convenable,
» Ils prennent ensuite trop de familiarité…
» Et puis, aucun d’eux ne tient la tête droite,
» Et ils s’endorment, ce qui est une impertinence !…
» D’une seule personne qui resterait avec moi, je serais encore
» Content, et je jouerais à cala brache.

» Outre cela, il est vrai que je ne joue rien,
» Mais, néanmoins, perdre me déplaît ;
» Je sens, si je perds, que la tête me tourne,
» Je ne suis plus poli, je n’ai plus de calme,
» Et, si je dois tout dire clair et net,
» Je cherche alors quelque bonne petite querelle.

» Pour ces causes, j’ai demandé que si quelqu’un s’assied
» Sur un escabeau que j’ai montré,
» Au moment où ma société se sépare,
» Il y reste, le cul collé,
» Et qu’il ne puisse se lever, si je ne lui dis :
» Levez-vous donc, je vous le permets, mon ami.

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