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À CHEVAL


Le serviteur part, et, à peine sorti de la maison,
Il voit quelqu’un assis entre les colonnes ;
Il s’approche, et il lui semble que c’est le moine ressuscité,
Mais cependant, n’en croyant pas ses yeux,
À l’examiner quelque temps il demeure,
Et ses cheveux se dressent sur sa tête,

Il rentre dans la maison, sûr désormais
Que le moine tué était revenu là ;
Il court à son maître et : « Mon seigneur, je vous jure, »
Dit-il, « que je ne me sens plus de souffle dans le corps…
» J’ai trouvé… en partant pour exécuter la mission
» Dont vous m’avez chargé… à la porte… le père Marco.

» Je ne le crois pas vivant, mais par quel prodige
» Un homme déjà mort court-il les chemins ?
» Pourquoi revient-il pour nous remplir d’épouvante ?…
» — Ah ! tu n’es qu’un sot ! montre-le moi, »
Répondit le Duc, « allons, nigaud, allons,
» Voyons un peu ce mort ambulant ! »

Ainsi parlant, il était descendu
Et arrivé où était le défunt révérend ;
Il dit, aussi surpris que Guzman, lui aussi :
« Qu’est-ce que cela signifie ? Je ne comprends pas !
» Il y a certainement là-dessous quelque affreux mystère,
» Mais je ne parviens pas à découvrir la vérité.

» Reporte-le dans ma cour… » Cela exécuté,
Il ajouta : « Et à présent, qu’en allons-nous faire ? »
Le serviteur, qui déjà avait repris courage,
— « Excellence, laissez-moi y penser un peu, »
Répondit-il, « je crois que bien certainement…
« Vous déplairait-il de nous donner un cheval ? »