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LE MORT


Le Duc fit semblant de se calmer : — « Moi-même, »
Dit-il, « je lui donnerai une correction ;
» Qu’un autre lui dise tout ce que tu m’as ici raconté,
» Notre honneur ne le permet pas ;
» Demain soir, mais pas plus tôt,
» Fais qu’il vienne te trouver ; le reste est mon affaire. »

Le jour d’après, au milieu de la matinée,
Arriva l’officieuse messagère
Qui de la part du père Marco à la dame apporta
Un message si tendre et si attendrissant,
Qu’il aurait amolli un rocher
Et d’un lion adouci le cœur.

Elle, employant pour le malheur de l’imprudent
Toute la malice qu’il y a dans un cœur de femme,
Répondit : — « Un si cruel chagrin,
» Tant de fidélité, méritent un plus heureux sort.
» Salue le père Marco : tu lui diras
» Que je me suis repentie de ma rigueur.

» Son fidèle amour, ses prières, le déluge
» De larmes que pour moi il a jusqu’ici versées…
» J’ai tout cela dans le cœur ; je serais une des plus sottes
» Femmes du monde, en refusant de récompenser qui m’adore.
» Dis-lui que je l’aime ; dis-lui que je suis vaincue ;
» Dis-lui que je lui demande pardon de ma faute.

» Dis-lui… et puisse l’Amour lui rendre la nouvelle
» Agréable… que le Duc est dehors ce soir.
» Ainsi, qu’en secret auprès de moi il se rende
« À minuit ; qu’il n’amène personne avec lui !
» La fidèle Argene l’introduira près de moi,
» Et il trouvera la récompense de ses peines. »