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DU PRÊTRE ULIVO


Pierre dit à la fin : « Je n’ai jamais trouvé
» Homme plus généreux et plus honnête que vous,
» Et cela, bien que je me sois arrêté en maints endroits
» Avec mes compagnons, avec mon maître,
» Qui est très satisfait de l’honneur
» Que vous lui avez fait et de votre bon cœur.

» Aussi vous pouvez lui demander
» Telle grâce que vous désirez maintenant ;
» Et tout ce que vous lui demanderez
» Vous sera accordé sans difficulté ;
» Mon maître est puissant, je vous le dis en confidence,
» Sur la terre non moins que là-haut, au Ciel. »

— « Dites-vous vrai ? » s’écria maître Ulivo.
« S’il en est ainsi, je vais le trouver tout droit,
» Il y a longtemps que je me sens au cœur un désir… »
Cela dit, il partit en grande hâte
Et revint au bout d’un instant auprès de Pierre,
Sautant de plaisir, joyeux et content.

— « J’ai tout obtenu, » dit-il, en se tournant vers lui,
« Pendant six cents ans encore je resterai dans ce monde.
» — Fi ! dit Saint Pierre en baillant,
« Désirer de vivre, c’est former un souhait immonde,
» Allez lui demander quelque autre chose
» Plus utile, plus pieuse et de plus de valeur. »

Ulivo y alla et s’en revint en riant :
— « Mon cher Pierre, » dit-il, « quelle joie !…
» Monte, monte, par Dieu, que je t’y attrape !…
» Monte, par Dieu, si tu en veux voir une bonne !… »
Et Saint Pierre lui répondit, stupéfait :
— « Que diable dites-vous ? Est-ce que vous êtes fou ? »