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LE
MORT À CHEVAL


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Malheur à qui du cruel Amour
Se fait misérablement l’esclave !
Il sert un maître fantasque
Qui se repaît du chagrin d’autrui,
Pour qui les pleurs des amants sont des sorbets exquis
Et leurs soupirs des petits pâtés.

Si vous offrez à un jeune enfant un petit oiseau,
Il le prend joyeux, le caresse, vante sa beauté ;
Mais, si vous le lui laissez un peu entre les mains,
Il l’entoure de liens, lui arrache plumes et queue,
Il le torture de mille façons,
Jusqu’à ce qu’enfin il le voie mourir.

De même, Cupidon allèche les simples,
Il fait le gentil et l’innocent,
En offrant sans cesse pâture nouvelle
Et joie toujours plus vive, toujours renaissante,
Mais qui bientôt se transforme en amer poison
Et de ses victimes amène la mort sans remède.

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