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DE SAINT PASCAL


Près de son logis il trouva sa sœur
Qui, le bassin à la main, venait à sa rencontre.
Quel fut le plaisir de Berzighella,
Point ne le saurais dépeindre : aussi je n’en parle pas.
Il baisa son bassin, le serra sur son cœur
Et se mit à sauter comme un cabri.

Autour de lui un grand cercle
S’était formé, de paysans, de gens en villégiature,
Qui de le féliciter de sa bonne chance et de son heureux retour
Avaient grande envie, tous tant qu’ils étaient.
Il ne vit qu’Assunta et voulut savoir
Comment elle avait retrouvé le bassin, et qui l’avait volé.

La jeune fille, qui n’avait aucun scrupule,
Et ne croyait pas avoir mal fait,
Se mit à raconter tout simplement
L’extraction de l’onguent virginal,
Et comment le Comte avec elle, dans l’obscurité,
Avait employé cette affaire raide venue de Hollande.

Don Berzighella, qui comprit au premier mot,
S’écria bien des fois : — « Tais-toi, sotte ! »
Elle, pour cela, ne change pas de langage,
Et enfile un interminable discours.
Le Curé alors, blasphémant, lui mit la main
Sur la bouche et la fit rentrer à la maison.

Mais en vain : déjà tout le monde avait compris l’histoire,
Et l’on en fit des gorges chaudes dans le pays.
Le Curé, fou de rage et de colère,
Crachait du feu et ne pouvait avaler l’injure.
Un mauvais tour, en général, est bien plus déplaisant
À qui on le rend qu’à qui on le fait.