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DE SAINT PASCAL


Ils convinrent entre eux du temps et du lieu.
Quand la nuit fut au ciel arrivée au milieu de son cours,
Le Comte, désireux de mener à fin l’aventure,
En robe noire alla trouver Assunta,
Et, avant d’entrer, cacha le bassin grâce auquel
Il vit enfin ses désirs exaucés.

Une fois entré, il jette à terre un grand manteau,
D’une lanterne creuse il tire une lumière,
Dessine un cercle, puis au milieu de ce cercle
Secoue sa verge, selon le rite des magiciens.
Trois fois de son pied déchaussé il frappe le sol,
Et il murmure ces paroles bizarres :

« Par Kanuska, Kinkin, Asckra, Mirabra,
» Astaroth, Belial, Cacasego,
» Par Kekera, Akrakas… Abracadabra !
» Vite, vite… Paraissez !… Jam !… Quosego !…
» Belphégor, Balaam, Baciapile…
» Par le nom de Dieu !… Rapportez ce bassin !… »

Il éteignit la lumière, sa conjuration finie,
Et, pour faire au Curé un sanglant affront,
Mettant à l’air son dur instrument,
Il fit étendre Assunta sur le lit ;
Puis, lui levant la jupe jusqu’au menton,
Il commença à extraire l’onguent virginal.

Au commencement, cette opération
Parut fort douloureuse à la pauvrette ;
Mais ensuite elle la trouva si savoureuse,
Qu’elle y prit bien vite goût
Et qu’elle bénit et le voleur, et le démon
Qui s’obstinait à retenir le bassin.

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