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LES TOC-TOC


Mais un jour il vint la trouver, triste, affligé,
Et lui dit : — « Votre cas est extrêmement sérieux ;
» En vain je trace les cercles magiques, je prépare les talismans.
» Et j’use d’incantations : à notre désir
» Les démons résistent, et… chose extraordinaire !
» Ils ont l’air d’autant de novices de Chartreuse.

» Un enchantement plus puissant, à ces gueux
» Ferme la bouche et les force à se taire.
» Je saurais bien, avec cercles et signes,
» Les obliger à parler, les forcer à dire ce qu’ils savent ;
» Mais il me faudrait faire, pour réussir,
» L’extraction de l’onguent virginal.

» Les jeunes filles possèdent cette liqueur
» Au plus profond des parties qu’elles ont pudeur de montrer ;
» Pour pouvoir la recueillir comme il faut,
» J’ai fait venir de Hollande un instrument
» Qui, loin de causer de la douleur, fait tant de plaisir
» Qu’on voudrait qu’il fonctionnât des heures entières.

» Si vous le voulez bien, nous l’extrairons cette nuit ;
» Mais il nous faut être seuls et sans lumière
» Dans votre chambre ; là Astaroth,
» Cédant à une toute puissante conjuration,
» Apportera le bassin qui vous fait tant pleurer…
» Que faisons-nous ? que décidez-vous ? »

La jeune fille haussa les épaules,
Accablée de honte et d’effroi ;
Cependant elle dit : — « S’il me faut faire,
» Pour sortir de peine, une pareille folie,
» Si à mon malheur autre remède
» Vous ne pouvez trouver… agissons sans retard. »