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LA VIE ET LA MORT


Tandis qu’ils causaient gaiement de la courtoisie,
De l’excellent accueil de notre Ulivo,
Le valet préposé aux chambres des étrangers
Les conduisit dans une grande et superbe salle ;
Là, on leur donna de l’eau pour les mains,
De l’eau pour les pieds et une brosse pour les manteaux.

Au bout d’une petite heure, à un souper somptueux,
Avec une politesse exquise, ils furent conviés ;
Ils trouvèrent la table couverte de mets excellents
Dans des plats immenses, démesurés ;
Ils s’assirent incontinent
Et mirent tout à sec dévotement.

Après le souper, dans six lits magnifiques
Ils s’en allèrent dormir deux par deux ;
Et comme, à trois, ils s’y trouvaient un peu serrés,
Un d’entre eux resta levé toute la nuit,
Et celui-là fut Judas Iscariote,
Qui ne voulut pas s’en aller les mains vides.

Ce fieffé coquin, je dois vous le dire,
Aurait trouvé à voler sur un œuf ;
Il se serait accroché à un mur,
Sans employer échelle, ni croc, ni corde :
Pendant que chacun dormait, doucement, doucement,
Il rôda dans la maison et fit un peu de butin.

Le matin, au chant du coq vigilant,
Saint Pierre et maître Ulivo se levèrent ;
Ils se dirent le bonjour (commettre une faute
De politesse, chez eux, était bien rare),
Puis, l’un et l’autre, assis sur un fauteuil,
Allumèrent leur pipe et se mirent à fumer.