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DE SAINT PASCAL


Vêpres finies, il fila à San-Fabiano.
Pour ne pas faire quelque grosse sottise,
Il resta six jours avec le bon curé de l’endroit
Tranquille et gai en apparence,
Mais, le septième jour, il écrivit à sa sœur
Qu’il sentait sa rage augmenter d’heure en heure

Que, si le bassin n’était pas retrouvé,
Pour sa peau elle devait trembler,
Que dans six jours au plus il serait de retour
Et qu’il entendait tenir ce qu’il avait promis,
C’est-à-dire, si le bassin était perdu,
L’assommer, ou la saigner avec un couteau.

Ce que dormit, après avoir lu cette lettre,
La pauvre fille, point ne le saurais dire.
Le comte Torso, auteur de cet imbroglio,
Voyant son projet réussir,
La rassurait : « Je puis retrouver le bassin
» Par des enchantements, » lui disait-il.

En attendant, des affiches à tous les coins de rue
Furent placées par les soins de la jeune fille ; elle promit
Cent sequins et plus à qui rendrait le bassin à certain moine,
Sacristain des Pères Capucins ;
Elle eut recours au tribunal, elle fouilla le Ghetto,
Et dépensa inutilement un beau sac d’écus.

Elle ne cessa non plus d’implorer le Comte
Pour qu’à l’aide de tout son art magique,
Il forçât quelqu’un des noirs esprits
Qui hantent l’Achéron, à dénoncer le voleur.
Et il lui répondait : — « Ayez confiance
» En moi ; comptez sur mon art. »