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LES TOC-TOC


L’industrieux artiste y avait sculpté
Le roi David accoudé à un balcon,
D’où il voyait, sortant d’une onde fraîche,
Dans le vaste jardin de sa maison,
La ravissante Bethsabée
Dont les beautés réjouissaient le ciel.

Il semble qu’un doux zéphyr ride l’onde
Où elle a plongé ses beaux membres d’ivoire,
Et agite le bosquet qui entoure
Le petit lac, et les herbes, et les fleurs colorées :
Elle est pensive, et paraît attendre que ses servantes
Lui apportent ses beaux vêtements dorés.

On voit l’onde claire arroser en serpentant
Ses membres nus jusques aux pieds ;
De ses tetons roses et frais
On voit pour ainsi dire les lentes palpitations ;
Ses gestes gracieux, son tendre sourire,
Font de ce jardin le paradis.

Le roi, n’en pouvant détacher ses yeux,
Boit à longs traits le poison mortel,
Et pendant qu’il cherche en lui-même le moyen
D’éteindre la flamme qui le dévore,
Sur son front soucieux il semble qu’on aperçoive
Écrite la mort du fidèle Uri.

Rien n’était aussi cher au prêtre
Que ce meuble, qu’il préférait à tout autre.
Un drap de soie, broché d’or,
Dans un coffre d’ébène l’enveloppait ;
La gentille sœur du curé en avait la garde
Et le tenait sous triple serrure.