» Mais, si elle est de l’invention de l’affreux Calvin,
» Comme tu dis, ne la prenons plus !
» Sitôt que dans le ciel apparaîtra l’étoile du matin,
» En raison de la grande faveur que nous avons obtenue
» De Saint Pascal, et pour lui rendre grâces,
» Le couvent recevra de moi un magnifique présent.
» Je veux pourtant te donner un conseil :
» C’est de ne raconter, à qui que ce soit au monde,
» Le procédé dont j’ai autrefois usé avec toi
» Et toute cette histoire de nouvelle façon.
» Il se pourrait, ma femme, que quelque vaurien
» Nous dénonçât à la Sainte Inquisition. »
Cela dit, il se tut, fit semblant de dormir, et quand
L’astre qui apporte le jour fut dans le ciel,
Toujours occupé de combiner sa vengeance,
Il se dirigea vers la demeure de Berzighella.
Il trouva monsieur le Curé dans un petit salon,
En robe de chambre et la pipe à la main.
Nombreux furent les embrassements, nombreux les baisers
Qu’ils échangèrent gaiement tous deux ;
Mais d’aucun côté ces témoignages n’étaient sincères,
Car l’un était préoccupé du désir de se venger,
L’autre craignait que de l’injure reçue
Le Comte un jour ou l’autre ne s’avisât.
Mais, comme il arrive toujours que l’offenseur oublie
L’outrage qu’il a fait, tandis que l’offensé
En a sans cesse l’esprit occupé,
Au bout de peu de temps, du Comte qu’il a pourvu de cornes,
Comme si rien absolument ne s’était passé,
Le lubrique Curé se montra grand ami.