Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
DE SAINT PASCAL


— « Que diable Calvin a-t-il à faire ici ? » reprit le Comte,
« D’où as-tu tiré ces extravagances ?
» Allons donc, tourne-toi, faisons notre affaire…
» Tourne-toi, ne dis plus de sottises.
» — Comment ! » dit-elle, « que je me retourne ?
» Ah brigand ! ah coquin ! ah débauché !

» Pauvre femme que je suis ! Sans monsieur le Curé,
» Dans quel embarras me trouverais-je !
» Je serais mère à présent d’un monstre étrange,
» Horrible, peut-être même de l’Antechrist,
» Grâce à votre vilaine et scandaleuse habitude
» D’entrer chez moi par le chemin de derrière !

» Bel amour que le vôtre ! entreprendre un voyage
» Et me laisser exposée à si grand malheur !
» Si j’avais fait un serpent, quel profit
» En auriez-vous retiré ? Grâce à Saint Pascal
» Et au Curé qui a repétri l’enfant,
» Un si grand danger est évité. »

Le Comte ne chercha pas l’explication
D’un langage si absurde et si confus ;
Il comprit l’apologue, en demeura pétrifié,
Et, dans le premier moment, l’air rechigné,
Voulut frapper un coup terrible ; mais il se retint,
Car il méditait un bon moyen de se venger.

Il feignit la douceur : — « Chère amie,
» Ma faute fut, je te le jure, involontaire, »
Dit-il ; « qui jamais aurait pu croire
» Qu’on fût près du précipice en un si doux combat ?
» Je supposais que cette position
» Était la plus naturelle de toutes.

4