Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
DE SAINT PASCAL


— « Quel Franciscain ? Parle, je ne te comprends pas, »
Répliqua la Comtesse surprise,
Et la servante reprit : — « Un père à l’esprit vénérable,
» À la démarche majestueuse, passait dans la cour
» Il n’y a qu’un instant ; il m’a inspiré
» L’estime et le respect ; je dirai même la vénération.

» Son apparence n’était pas celle d’un mortel.
» Pendant que vers l’escalier il dirigeait ses pas,
» Autour de lui plus brillante paraissait
» La lumière de l’astre du jour.
» Je me suis empressée de venir alors
» L’annoncer… mais je ne le vois pas encore paraître. »

— « Oh ! » s’écria le Prêtre, « merveilleux prodige !
» Oh ! grâce vraiment étonnante !…
» Henriette… laissez-nous un moment
» En liberté… Il nous faut méditer
» Sur le très important motif
» De cette mystérieuse apparition. »

La fine commère partit ; alors don Berzighella,
Les yeux levés, resta quelque temps pensif,
Puis il éclata : — « Allons, dame Isabella,
» Déjà le Saint m’inspire pour le grand œuvre ;
» N’hésitons plus, pétrissons un beau garçon
» Et réparons l’erreur de direction commise. »

Ce disant, il se lève ; à la Comtesse
De sa propre main il enlève ses vêtements,
Et lorsque, nu lui-même, d’elle il s’approche,
On croirait voir Hercule auprès d’Iole.
Il ne résiste plus à sa fougueuse passion,
Il la prend à son cou et la porte sur le lit.