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DE SAINT PASCAL


— « Hélas ! » s’écria Isabella, « mon époux,
» Quand même je lui écrirais par la poste,
» Quand même en courant, par les chemins les plus courts,
» Il viendrait tout exprès pour donner à son fils une nouvelle façon,
» Ne serait pas ici d’un mois !… Oh ! Seigneur mon Dieu !…
» L’Antechrist !… Oh ! Jésus !… que puis-je faire ?

— « Il faudrait au moins trouver un galant homme
» Qui voulût bien faire cette opération ;
» Qui s’y mît en vue du bien seulement,
» Pour que l’empire du diable ne s’étende pas.
» Connaîtriez-vous quelqu’un ?… Mais faites attention
» Que ce ne soit un libertin ni un moine. »

— « Et pourrait-il être prêtre ? » répondit-elle.
— « Oui, Madame, » répliqua Monsieur le Curé,
« J’aurais ici… Mais il ne vaut rien pour certaines choses,
» Ce chapelain, il est trop bavard. »
Alors Isabella s’écria : — « Eh ! ne pourriez-vous pas,
» Vous, m’enlever du corps ce poison ? »

— « Moi ? Pourquoi pas ? Cependant, je ne sais quelle crainte…
» Qu’il me suffise d’avoir interprété votre songe.
» Vous pouvez croire… que je le ferais de bon cœur…
» Mais je ne sais si c’est convenable… je suis curé…
» Je ne voudrais pas faire une vilaine action…
» Attendez… Mettons-nous en prières.

» Disons une oraison à Saint Pascal
» Afin que par bonté et non pour nos mérites,
» Il nous donne quelque conseil en la circonstance ;
» Et que par des signes clairs et nets
» Il nous fasse connaître de façon certaine,
» Si je dois repétrir la créature. »