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LES TOC-TOC


— « Moi, signora,… » répondit la rusée
En simulant une vraie frayeur,
« Oh ! Dieu ! je me sens la chair de poule !…
» Nous appellerons le Chirurgien, le Médecin…
» Mais que diront ces gens-là ? Un songe si extraordinaire !
» Peut-être Monsieur le Curé saurait-il l’interpréter ? »

— « Certes ! bien sûr ! Tu as raison. Va, »
Répondit la dame, « va le trouver au petit jour ;
» Tu l’inviteras à déjeuner de ma part…
» Il me délivrera de cet effroi.
» En attendant, je veux me lever, car j’ai peur
» De revoir cette horrible figure. »

Déjà dorait la cime des montagnes
Et sortait de la mer l’astre lumineux du jour.
Prévenu par la servante, en grande hâte
Don Berzighella vint trouver la dame.
Il entra, s’assit avec une majestueuse gravité,
La regarda et sourit doucement.

Puis il lui dit : « Madame, à peine
» M’avez-vous fait signe que, pour vous servir… Oh ! Dieu !
» Vous n’êtes pas, comme auparavant, calme et gaie !
» Quel chagrin avez-vous ? quelle est cette cruelle douleur
» Qui de larmes emplit vos yeux ?
» Parlez. Je vous offre aide et conseil. »

Alors elle raconta son rêve étrange,
Que, pour être agréable au bon lecteur,
Il ne nous convient pas de répéter ici.
Une horreur subite se peignit sur le visage
De Don Berzighella, il resta pensif et dit :
— « Il faudra consulter l’Apocalypse.