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DE SAINT PASCAL


La Comtesse Isabella était un morceau
À raidir les nerfs d’un Chartreux ;
Mais un Franciscain tartufe,
Qu’on nommait Fra Serafino,
En fit facilement une bigote,
Parce qu’elle était de sa nature fort engourdie.

Elle savait par cœur les Sept Psaumes,
Elle se faisait expliquer l’Apocalypse ;
Elle avait lu le Pré Fleuri
Et les fables sorties jusqu’à présent
De plumes fantastiques à propos de démons,
De fantômes, de monstres et d’apparitions.

Elle avait une dévotion particulière à quatre ou cinq Saints,
Mais elle croyait à Saint Pascal plus qu’à nul autre,
Et toutes les nuits, le visage pâle de frayeur,
Sur son coffre ou sur sa table de nuit
Elle croyait entendre les toc-toc du Saint, et à son confesseur
Elle en répétait le nombre et en imitait le bruit.

Le Curé, qui en était amoureux fou,
Voulut poser le cimier sur la tête du Comte :
Il réfléchit, et ne sait comment il pourra
Mener promptement à bonne fin son envie ;
S’il prononce une seule parole d’amour,
Il sait bien qu’il lui entendra réciter les litanies.

Adroitement il essaya quelquefois
De glisser sur ce sujet quelques allusions lointaines ;
Elle répondit si sottement
Qu’elle avait l’air d’une vraie citrouille ;
Il étendait vers elle tantôt les mains, tantôt les pieds,
Mais ce qu’il touchait était comme du marbre.