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LA VIE ET LA MORT


Il était riche, et, par grand miracle,
Point du tout enclin à l’avarice ;
Il donnait par charité jusqu’à ses culottes,
Jusqu’à sa chemise, et de sa richesse,
Qui tous les jours s’accroissait,
Il donnait même à qui n’en voulait pas.

Dans sa maison toujours table ouverte :
Depuis le lever de l’épouse de Tithon
Jusqu’au milieu de la nuit, le repas
Était servi ; la broche était devant le feu
L’année tout entière, et, pour faire les fritures,
Il y avait toujours cinq fourneaux à l’œuvre.

Je ne parlerai pas ici de la cave,
Bacchus n’avait certes pas la pareille ;
Barils de rosolio et de pollacchina
S’entassaient jusque dans la maison et sur les escaliers,
Et il avait pour office une grande galerie
Qui mesurait un mille et demi.

En ces temps-là, Jésus, par son éloquence
Et par l’exemple de sa sainte vie,
Faisait rayonner sur le monde l’éternelle lumière ;
Avant de le quitter en subissant un supplice cruel,
Avec ses chers et bien-aimés apôtres
Il aimait à faire de petits voyages ;

Et quand, à l’heure du dîner,
Ils se trouvaient un peu loin de chez eux,
Ils allaient ensemble chez quelque compère
Qui les recevait avec politesse et courtoisie ;
Et si, parfois, il était tard le soir,
Ils agissaient de la même façon.