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FRA PASQUALE


Il le trouva en effet et s’écria : « Messieurs,
» Voilà ce père si pieux, si chaste, si saint !
» Tirons-le un peu dehors par les jambes ! »
Et pendant ce temps-là, chacun crevait de rire.
L’officier se disait en lui-même : « Cordieu !
» Qu’est-ce que machinent ces gens-là ? Où suis-je ? »

Ensuite, il cria bien fort : « Je ne suis pas moine !
» — Non ? qu’est-ce donc que cette robe ?
» Qu’est-ce que ces cordes entortillées ?
» Ce chapelet ? ce capuchon ?
» Tout cet attirail n’est-il pas à vous ?
» Oh ! faites-nous le plaisir de venir avec nous. »

L’officier en colère s’efforce de parler,
Et personne ne s’arrête à l’écouter.
De force on lui fait revêtir
Ces habits, de lui tant détestés.
Cependant la dame, pour sortir d’embarras,
S’évanouit et ne donne pas signe de connaissance.

L’absence des vêtements de l’officier,
La vue de la dame ainsi évanouie,
L’accoutrement du père Provincial,
Les rires, les cris, pour le moment
Troublèrent si fort les idées du militaire,
Qu’il se tut et se laissa emmener.

Mais le vrai moine : « À présent je puis m’en aller, »
Dit-il, « car je dois partir à l’instant même :
» Adieu, Messieurs, désormais il ne me paraît plus
» Nécessaire de rester ici.
» Vous avez ce cafard entre les mains,
» Conduisez-le à votre capitaine. »