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FRA PASQUALE


» Si vous voulez le prendre, chaud, chaud,
» Je ferai, pardieu ! la conduite aux soldats,
» Allons, démasquez ce coquin,
» Si on n’ouvre pas, enfoncez la porte. »
Le capitaine, riant, approuva ce langage
Et avec le Provincial envoya un piquet.

Les grenadiers coururent, guidés par lui,
À la chaste demeure de donna Rosa ;
Ils jetèrent la porte à terre, et introduits
Dans un salon, y trouvèrent un vaste manteau
De moine, que le Provincial y avait déposé
À peine entré dans la maison de sa déesse.

Ils pénètrent ensuite dans la chambre et, tournant
Leur lanterne vers le visage de la dame :
« Où est, » disent-ils, « ce scélérat de moine,
» Contempteur de l’éternelle justice ?
» Où et comment se cache-t-il à nos yeux,
» Cet impie mangeur de patenôtres ? »

Elle se taisait ; alors le caporal : « Madame, »
Dit-il, « nous savons que vous avez un Franciscain,
» Vite, vite, enfilez votre jupe,
» Et remettez-nous ce coquin. »
Au bruit, l’officier, non par peur,
Mais par prudence, s’était fourré sous le lit.

Rosa, qui croyait le moine déjà loin,
Jura qu’il n’était, bien sûr, pas dans sa maison.
Mais le caporal répondit : — « Eh ! sottises que tout cela !
» Le moine est sous le lit, je vous le certifie.
» Laissez-moi faire et je trouverai vite
» Ce malin renard dans son gîte. »