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FRA PASQUALE


» Si nous guerroyons maintenant, que ferons-nous
» Après, cette nuit ? Ayez patience :
» Nudi in lecto ce soir, nous nous en donnerons,
» Sans avoir la crainte de rester à sec.
» Prenons, en attendant, les petits plaisirs
» Qui du grand jeu sont les avant-coureurs. »

Elle dit et lui applique un baiser de feu ;
Le moine le lui rend plus brûlant encore ;
Il semble que l’une à l’autre leurs bouches soient collées,
Et les colombes n’ont pas plus suaves délices.
Cependant, le moine fourrage, il palpe
Tantôt les seins, tantôt les fesses dures et nues.

Puis il plonge ses doigts dans la blonde toison
Qui obstrue l’entrée du temple de Cypris ;
En récompense, la main charitable de Rosa
Immensam supellectilem in bracis lui pelote.
Ils passèrent ainsi la journée entière
En ces divertissements licites et honnêtes.

Et comme il faut que celui qui n’apporte rien
S’en aille, sans faire fortune en amour,
Et que la femme, si inconstante de sa nature
N’a d’esprit de suite que pour amasser des richesses,
Le Provincial fit à sa dame un beau régal
De gâteaux et de bonbons exquis.

Il y ajouta un chapelet en filigrane d’or ;
D’or pur aussi était la médaille ;
Et un collier de corail de premier choix,
Et une couple de bagues de grande valeur :
Toutes choses qui, à en croire le père Eleïson,
Étaient volées aux ex-voto des Madones.

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