Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
FRA PASQUALE


» Je dois aller auprès d’une jeune pécheresse,
» La convertir et la ramener dans le bon chemin ;
» Sa pieuse et sainte mère
» À mes soins la veut confier.
» D’ici à demain je ne puis rentrer.
» Adieu. Le ciel vous ait en sa grâce ! »

Cela dit, il partit. Comme le cerf altéré
Qui court se rafraîchir à la fontaine,
Comme le rocher qui roule au précipice
De la haute cîme d’une montagne escarpée,
Ainsi le moine, d’une course impétueuse,
Gagne la maison de donna Rosa.

Il frappe à la porte et crie : « Ave Maria. »
Donna Rosa aussitôt lui ouvrit.
Qui pourra peindre son allégresse,
Quand il vit sa déesse bienaimée
En simple corset et en jupe,
Et qu’il put contempler ses charmants tetons ?

Alors ils réglèrent les préliminaires
Entre eux deux, ces paillards amants,
Et ils convinrent, de façon claire et précise,
De n’en pas venir au doux combat
Avant que sortît des grottes Cimmériennes
L’humide nuit portée sur son char ténébreux.

La condition déplaisait fort au moine,
Mais la dame lui dit : « Mon père,
» À quoi servirait de commencer maintenant ?
» Vous êtes le marteau, et moi l’enclume…
» L’enclume résiste, et aucun art mécanique
» Ne peut rendre dur un manche de marteau s’il est flasque.