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COMME ELLES SONT


Après avoir fait là une procession solennelle,
Seul avec elles dans la cathédrale,
Entra l’éloquent et disert cardinal,
Qui leur tint ce discours :
« Mes filles chéries, cette bête impure
» De Satanas a corrompu la nature.

» Le Ciel, irrité de nos péchés,
» Nous menace d’une ruine inévitable :
» Au souverain des gouffres du Tartare
» Il accorde le pouvoir de nous faire tant de mal
» Et de nous induire de faute en faute,
» Pour nous entraîner enfin ove non è che luca.

» C’est par sa malice que l’organe destiné
» Au grand œuvre de la reproduction humaine
» Est devenu l’objet d’un jeu scandaleux,
» Indigne d’un Chrétien, d’un galant homme,
» Capable de conduire aux derniers excès
» Et de faire des putains de tout le sexe dévôt.

» Le monde est plein de scandales, d’affreux procès,
» D’horribles plaintes partout retentissent ;
» Tous les maris ont cornes à foison ;
» Il n’y a plus de femme qui soit fidèle
» Et qui ne trébuche, comme les autres, dans le vice ;
» Mille fillettes ont le ventre aux yeux.

» Oh ! funeste et lamentable situation !
» Les chastes épouses de Jésus, corrompues
» Et répudiant toute modestie,
» Dans leurs cellules, autrefois cachées aux profanes,
» Au lieu de scapulaires et d’Agnus Dei
» Ont des mirlitons de cinq et six livres !

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