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COMME ELLES SONT


Ce projet plut à Nature, et aussitôt
Les organes de l’amour furent faits à vis.
Non, quand j’aurais du Tasse ou de l’Arioste
La verve abondante et facile,
Je ne pourrais dire quelle satisfaction
Éprouva un chacun en se trouvant ainsi monté à vis.

Ordre fut donné par Nature,
Que pour jouir de cette faculté nouvelle,
Il faudrait avoir, au moment de le dévisser,
Cet organe parfaitement droit :
Elle excluait par conséquent, à leur grand chagrin,
Les vieillards paresseux et les jeunes impuissants.

Ainsi prêté droit, dans le même état
Il restait jusqu’à ce qu’il fût rendu ;
Il procurait du plaisir, avait puissance d’engendrer,
Et faisait de lui-même son jeu ordinaire,
Sans qu’il fût besoin de le manœuvrer haut et bas,
Comme un de ces hochets de Venise en cristal.

À présent, pour qu’un malin ne vienne pas,
Tout hérissé d’une pédantesque érudition,
Me traiter de bourrique et d’ignare,
Je dirai que c’est juste au moment
Où lesdits organes redevinrent inamovibles,
Que les hochets de verre furent imaginés.

L’homme ainsi constitué, le sexe aimable
Trépigna de joie et de contentement ;
Alors disparut ce qui causait son chagrin,
Cette cruelle et intolérable torture ;
Les belles, alors, supportèrent de leurs amants
Les départs, sans pleurs ni soupirs.