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COMME ELLES SONT


Le rire engageant, l’agréable badinage,
Le désir, qui de nouveaux désirs enfante,
Le plaisir délicieux, se tiennent près de l’endroit
Où est située la gentille enclume,
Sur laquelle du Dieu protecteur des jardins
Bat le marteau, sans faire de bruit.

Là une liqueur précieuse et vitale,
Quand les coups se ralentissent, tombe dans le moule,
Où, comme la semence cachée dans le sein d’Ops
Devient fleur ou plante, elle devient homme,
Et à une œuvre si prodigieuse, avec sollicitude
Président Fécondité et Nature.

Ah ! poison mortel du cœur humain !
Avarice ! depuis que, poussé par toi,
L’Espagnol malavisé déploya ses voiles
Pour chercher de l’or au royaume de Montezuma,
On vit un si charmant endroit
Ravagé par le mal Français !

Jusqu’au plus profond de l’officine
Où il est interdit aux mortels de pénétrer
Amour est parvenu ; par des applaudissements répétés
Les témoins du fait accueillirent le Dieu ailé ;
Ainsi dans les profondeurs de l’Etna
Vulcain et ses serviteurs accueillent la belle Cythérée.

À peine Nature a-t-elle vu Amour, qu’elle se lève,
Va à sa rencontre et lui dit : « Ô bel enfant !
» Que le ciel te protège ! dans quel but diriges-tu tes pas
» Vers mon prolifique domaine ?
» Parle, que veux-tu ? Fais-moi connaître tes vœux ;
» Tu obtiendras tout, pourvu que cela dépende de moi. »