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LE ROI GRATTAFICO


Le Monarque rit et s’approcha un peu :
— « Non, Madame, » dit-il, « je suis propre,
» Mais je me tiens à l’écart par respect…
» — Vraiment ! voyez donc la sotte ! »
Dit en riant la demoiselle, et tout en parlant,
Elle se pousse résolument contre le Roi.

Elle l’embrasse, elle le serre ; Grattafico,
En se sentant si bien tripoter,
Ne savait quelle contenance tenir,
D’autant plus qu’il avait tout droit son petit ami ;
Tout en badinant dans l’obscurité, Nena
Se trouva en main quelque chose de dur, dur.

Telle une bergère, occupée à chercher des champignons
Et qui dans le chemin plein d’herbe en voit un
Qui a l’air plus beau que les autres,
Et se penche, et désire le cueillir :
Soudain elle aperçoit bondir du sol un serpent…
Elle crie, elle s’enfuit, elle presse le pas :

Telle Nena, poussant un cri : « Ah Dieu ! que sens-je là ?
Dit-elle, « qu’est-ce que cette saleté ?
» Voilà une coquinerie, une trahison !
» Un lâche, un misérable veut me ravir l’honneur !
» Holà ! Geltrude ! Angelica ! Costante !…
» Débarrassez-moi de ce brigand !

» Angelica ! Geltrude ! ah ! personne ne vient !
» — De grâce, » lui dit le Roi, « tais-toi, je suis un amant,
» Mais je ne viens pas te ravir, ô Dieu, ce bien
» Que j’espère obtenir vite de ta tendresse.
» Tu seras ma femme. Je suis Roi,
» Et Cascina à mes lois obéit.