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LE ROI GRATTAFICO


En faisant ainsi des coq-à-l’âne, toute la journée
Elle entretint le prince amoureux ;
Ensemble ils dînèrent, et quand le jour devint
Obscur et noir, Phébus s’étant plongé dans la mer,
Ils soupèrent ensemble, puis d’un air riant
Elle proposa d’aller ensemble au lit.

La prétendue dame, du mieux qu’elle put,
S’excusa d’obéir à pareille invitation ;
Elle allégua mille et mille raisons,
Mais en vain : elle ne fit démordre Nena.
Il fallut la satisfaire, et à l’écart
Grattafico se déshabilla, prudemment, avec adresse.

Pendant ce temps-là, la charmante princesse
Toute nue entrait dans le lit moelleux,
Montrant au Roi l’étroite et blonde fissure,
Deux tetons, comme Cypris n’en avait pas,
Et deux grosses fesses, fermes, blanches et dures
Comme des pommes de pin en pleine maturité.

À cette vue, le souverain de Cascina
Se pâmait de plaisir et tout le temps riait ;
Mais à la fin il éteignit la lumière, et l’obscurité
Fit naître en lui quelque idée polissonne ;
Pourtant à la tentation il sut résister,
Et se retira tout au bord, tout au bord du lit.

« Approchez-vous par ici, » lui dit Nena,
« Il ne faut pas dormir au bord du lit,
» Vous tomberez, et ça fera une scène…
» N’auriez-vous pas, par hasard, un peu de gale ?
» Je ne vous l’ai pas demandé… oh ! que je suis sotte !
» Dites-moi de grâce, êtes-vous de Lucques ? »