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LE ROI GRATTAFICO


» Mais savez-vous que vous êtes fort belle ?
» Par Bacchus ! si vous étiez un garçon,
» Ou si je portais des culottes et non une jupe…
» Par le corps de Marc Antoine !… sac à papier !…
» Voulez-vous que je vous dise mon fait ?
» Je voudrais vous engrosser une autre fois, moi aussi.

» Mais, en attendant, nous ne faisons rien ici,
» Le temps passe et en arrière ne revient pas ;
» Terminons le trousseau d’une fillette
» Honnête, sage et adorable de beauté.
» La pauvrette ! elle est restée orpheline…
» Mais je serai une mère pour elle, et cela suffit.

» Mais non… attendez… savez-vous écrire ?
» Écrivez : — Six sequins à dame Violante…
» Elle est veuve, elle n’a pas de quoi vivre ;…
» Elle est belle et reste vertueuse…
» Écrivez : — Dix sequins à don Areta…
» Le pauvre homme ! il est philosophe et poète.

» Écrivez : — Trente sequins à Jacob le Juif,
» Pour les trois lits fondés à l’hôpital…
» Dites-lui que le pharisien revienne ici
» Avec cette grosse toile commune qu’il a !
» Écrivez : — Trente sequins à Monsieur le curé,
» Non… dites vingt, et ce qui est fait est fait.

» Pour ce mois-ci, je crois que ma bourse
» Ne saurait en fournir davantage ;
» Mais je trouverai bien quelque ressource,
» Si je prête à Dieu, il faut que Dieu me le rende…
» Mais vous, quelle espèce de femme êtes-vous donc,
» Qui n’avez même pas apparence de tetons ? »