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LE ROI GRATTAFICO


Il retourne à la maison, et, à peine le jour paru,
Il laisse la belle à sa douleur
Et court demander asile à Nena
Après avoir changé de vêtements ;
Elle l’accueille aussitôt et l’appelle à ses côtés,
Car elle veut rire et se divertir avec lui.

« Ah ! bonne dame ! vous avez mangé des champignons, »
Dit-elle en la voyant, « et votre ventre s’est enflé,
» Vous y penserez plus d’une fois ; déjà vous le savez :
» On chie amer quand on a mangé doux !…
» Écoutez bien, quand vous accoucherez,
» Je veux que vous me choisissiez pour commère.

» Mais, sotte que je suis ! je vous tiens là à causer,
» Et vous avez peut-être grand appétit…
» Attendez-moi un peu… je reviens tout de suite…
» Mais dites-moi, de grâce, avez-vous un mari ?
» Excusez-moi, mais on voit à tout moment
» Tant de filles engrossées par le vent !

» Et puis vous me direz tout… ah ! ah ! si j’étais
» Grosse, moi aussi !… mais je veux me marier ;…
» Et je veux en prendre un qui soit bien monté…
» Peste ! il y a mille ans, ce me semble, que j’en meurs d’envie…
» Dites-moi ? mangerez-vous une omelette ?
» Voulez-vous aussi deux feuilles de salade ?

» Allons, Cecco… Pietro… oh ! va dans la cuisine,
» Cette petite désire goûter…
» Deux grives… un peu de blanc de poulet…
» Mais fais vite, que le chancre te prenne !
» Voyons, quel homme est-ce que le fripon,
» Dites un peu, qui vous a fait cet enfant ?

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