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LE ROI GRATTAFICO


» Je sais que vous allez à Lari tout exprès
» Dans l’intention de vous y choisir une femme :
» Vous pourrez, avec cet anneau, voir à loisir
» Quels en seront le caractère, les instincts.
» Connaître la femme est chose dure,
» Tant chez elle règnent la ruse et l’imposture. »

Le Roi lui rendit grâces, et reprit sa route
Vers la demeure royale de Lari.
Vêtu en pèlerin, comme il l’était,
Au Roi, qui se nommait Pio-Pio,
Il se présenta, et celui-ci, avec une mine avenante,
Dans le palais aussitôt l’accueillit.

Il n’y avait pas dans cette Cour l’étiquette
En usage auprès des souverains d’Orient
Et qui force les gens, pour approcher le Roi,
À lécher le cul de ses courtisans,
À s’humilier devant eux pour les adoucir,
Et à faire mille grimaces, comme les singes.

Le roi Pio-Pio vivait tout à la bonne franquette,
Sans orgueil et sans cérémonial ;
De bien traiter n’importe quelle personne
Son esprit toujours était préoccupé,
Et, ce qui mérite un éloge particulier,
Il donnait à tout le monde à boire et à manger.

Grattafico se fit connaître à lui
Et demanda une de ses filles en mariage ;
Le bon Souverain lui répondit : — « Mon ami,
» La demande que vous me faites m’est agréable,
» Mais mes filles ont des caboches
» Qui n’ont, à vrai dire, rien d’attrayant.