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LE FAUX SERAPHIN


« Ma fille ! ma Bita ! Bita ! ma fille !
» agimus tibi gratias… Oh ! quel plaisir !
» Mets la main sur les draps,
» Sens-tu quelle bourse ? Ah ! je sens mon cœur qui s’ouvre !
» te deum laudamus… oh ! quel bonheur !
» Saint Pellegrino nous a rendu plus que notre compte !

» si quæris mirabilia… Je veux tout de suite
» Le faire savoir à toute l’auberge… »
Alors Margherita : « C’est quelque piège, »
Dit-elle à part, et tout haut : — « Ne faites pas cela, maman,
» Des grâces du ciel vous ne devez pas
» Faire étalage… demain matin vous le direz. »

— « Ma fille, que dis-tu là ? Ah ! de ta mémoire
» Est-ce sorti ce que disait Fra Sigismondo,
» Qu’il faut toujours glorifier les Saints
» Et célébrer leurs bienfaits en ce monde,
» Afin d’encourager ceux qui ont la foi
» Et de confondre ceux qui ne croient pas ?

» Allons, je veux me lever… — Ah ! chère mère ! »
Dit la fille, « de grâce ne le faites pas,
» Nous sommes dans des lieux que les assassins en bande
» Fréquentent : pour Dieu ! rappelez-vous ce moine !
» S’il y en a un par ici et qu’il apprenne la chose,
» Il nous égorge et nous prend cet argent. »

À la fin, avec ces raisons et d’autres plus fortes,
Bita, que le Dieu d’amour rendait éloquente,
Fit comprendre la sagesse de ses avis
À Pollonia, qui ne dit plus rien
Et se réserva de raconter le jour suivant
Le miracle fait par le ciel en sa faveur.