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LE FAUX SÉRAPHIN


Elles se déshabillèrent toutes deux et se mirent au lit,
Puis l’hôtesse emporta la lumière avec elle ;
Alors, la mère, pleine de joie et de contentement
En pensant à tout ce qu’elle compte obtenir,
« Allons, ma chère Margherita, » dit-elle,
« Disons un Pater et un Ave Maria.

» Recommandons-nous à notre protecteur,
» Pour que de l’extrême misère où nous sommes
» Il nous tire, ou qu’au moins sa bonté nous accorde
» Assez pour que nous puissions retourner chez nous. »
Bita se soumet aux volontés de sa mère,
Mais elle récite ses prières avec distraction.

Pendant qu’avec sa mère, elle disait
Des Pater Noster et qu’elle invoquait l’amour,
L’ange, qui était blotti sous le lit,
Sortit doucement, doucement ; plein d’ardeur,
Il s’approche de Margherita, la prend
Par la main et : « Ne craignez rien, » lui dit-il tout bas.

Margherita entendit et eut envie
D’avertir Pollonia, mais le dieu d’amour
Retint sa langue ; comme une feuille
Elle tremble pendant que l’ange vient
Si doucement qu’il ne fait aucun bruit
Au chevet du lit, du côté de sa mère.

Et pendant que la bonne dame adressait pêle-mêle
À son Saint Pellegrino des Pater, des Ave Maria,
Des Gloria, des Miserere, des Litanies,
Il lui mit sur le ventre d’une main légère
Une grande bourse pleine d’argent,
Et Pollonia de s’écrier contente et joyeuse. :