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LE FAUX SERAPHIN


Après avoir été instruit de ce qu’il devait faire,
Il s’en alla terminer ses préparatifs,
Pendant que l’hôtesse portait à ces femmes nues
Une jupe et des vêtements,
Leur disant qu’une vision avait révélé
Leur aventure au père Bernardone.

« Je sais bien, » ajouta-t-elle, « que vous avez
» Perdu tout ce que vous aviez sur le dos,
» Mais le Saint vous le rendra bien vite ;
» Allons, soyez de bonne humeur, ne craignez rien,
» Mon auberge par le Saint est favorisée
» Et personne n’en est parti sans consolation. »

Cependant Pollonia, pleine d’espoir,
À peine arrivée à l’auberge avec sa fille,
Demanda un bon lit, une bonne chambre,
Et voulut avoir des draps bien blancs ;
Elle commande un bon souper, beaucoup de plats,
À payer avec l’argent que Dieu lui enverra.

Pendant ce temps-là, la fille songeait
Aux doux yeux que le jeune homme lui avait faits,
Et à cette espèce de ressort
Qui tantôt soulevait, tantôt abaissait la ceinture ;
Et, si elle tournait les yeux autour d’elle,
Elle ne voyait que Mirtillo et ce ressort.

Vint l’heure du souper ; après qu’à table
Elles se furent largement restaurées,
Et que de la cuisine et de l’office
Elles eurent mangé les meilleurs morceaux,
Au lit les conduisit l’hôtesse,
Une grande coquine, elle aussi, et une fameuse maquerelle.