Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
LE FAUX SERAPHIN


Et elle avait bien raison, c’était un coup d’œil
À soulever le cœur de tout fidèle Chrétien ;
Mais peindre les formes enchanteresses
De Margherita, Titien n’y eût pas réussi,
Pas plus que celui qui fit mettre cent femmes nues
Pour peindre la déesse qui naquit dans la mer.

Jamais on ne vit dans la vallée de l’Ida
Deux tetons pareils, ni deux fesses comme celles-là…
Monsieur l’Abbé, voulez-vous vous imaginer
Comme elles étaient appétissantes et belles ?
Figurez-vous que vous voyez devant vous,
Toute nue, votre belle gouvernante.

« Oh ! ma chère maman, comment faire ? »
Dit Bita, « je vous l’avais prédit,
» En quel état sommes-nous ? mon Dieu ! Où aller ?
» Oh ! gueux de moine, maudit moine !…
» — Tiens-toi tranquille, tu m’as fait frissonner,
» On ne doit pas maudire les moines.

» Mais ne crains rien, ma chère enfant, attends,
» Saint Pellegrino nous enverra du secours,
» Il tirera vengeance de notre assassin
» Qui sera pendu, comme il convient.
» Non, ne crains rien, le bienheureux Saint nous rendra
» Bien plus qu’on ne nous a pris.

» Vois donc un peu quelle triste et douloureuse
» Aventure m’arrive en cet endroit !
» Je viens ici, si haut, pour recouvrer ma vue
» Qui s’en allait, baissant peu à peu,
» Et je perds jusqu’à ma chemise ! Cependant
» Je ne désespère pas d’être exaucé du Saint.