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LE FAUX SERAPHIN


Plusieurs jours elles cheminèrent à travers villes et bourgs,
S’arrêtant la nuit dans les auberges ;
À la fin, la mère et la fille jolie
Commencèrent à gravir les Alpes ;
Et, en suivant un sentier difficile,
Elles arrivèrent à un bois désert et sombre.

Les dames, en entrant seules dans cette forêt,
Sentirent leur cœur oppressé par la peur,
Et, regardant autour d’elles de côté et d’autre,
Elles virent quelqu’un qui avait la mine d’un moine ;
Cela dilata le cœur de Pollonia,
Comme si elle avait vu le Sauveur.

« De grâce, rejoignons ce bon serviteur de Dieu, »
Dit-elle toute joyeuse à sa fille ; mais celle-ci :
— « Mère, » répondit-elle, « suivez mon conseil
» Et laissez-le aller à son couvent ;
» Marchons seules ; sous cet habit
» Pourrait se cacher quelque brigand, »

Pollonia, qui avait un culte pour les moines,
Doublait toujours le pas ;
Les deux joues couvertes de pâleur,
La belle Margherita la suivait ;
Le moine fixa les yeux sur elles :
« Loué soit Dieu ! » dit Pollonia.

— « À jamais ! » répondit le moine, et il entama
La conversation en leur demandant où elles allaient.
Pollonia répondit : — « Au sommet de cette montagne,
» Je vais visiter Saint Pellegrino. »
Et le faux moine répondit aussitôt :
— « Il demeure dans une grotte ici près. »