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LE FAUX SÉRAPHIN


Bien que l’engeance monacale en si grand nombre
Fréquentât la maison de Pollonia,
Margherita était encore vierge !
Je ne sais comment cela pouvait se faire,
Car je sais que pour engrosser nombre de femmes,
Il suffit, dans une maison, d’un seul moine.

Médecins, et chirurgiens, et charlatans,
Pollonia les consultait tous à chaque instant ;
Mais tous leurs remèdes étaient inutiles,
C’était toujours de l’argent jeté au vent ;
Quand un jour vint la trouver
Betta, sœur du docteur Santi,

Laquelle lui dit : « Si tu veux guérir
» D’un mal si cruel et si persistant,
» Tu iras à pied jusqu’au sommet des Alpes,
» Où Saint Pellegrino est vénéré.
» Là, il guérira tes yeux en deux secondes,
» Sans employer ni remèdes, ni onguents. »

Un si bon conseil plut à Pollonia
Et elle résolut d’aller visiter ce Saint ;
Elle prit un gros bourdon,
S’enveloppa dans une cape noire,
Mit sa fille en semblable équipage,
Et toutes deux commencèrent ce pèlerinage.

De Margherita la ravissante beauté
Attirait les yeux de tous les passants ;
Les gens s’arrêtaient dans les rues,
Il y avait foule où elle passait,
Et elle entraînait à sa suite, vêtue comme elle était,
Une nuée de drôles amoureux.