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DIT NOVALIS.

ses noces, il commença à cracher du sang. Ses médecins déclaraient que ce n’était qu’une hémoptysie hémorroïdale, maladie qui n’est pas dangereuse. Cependant ce crachement de sang l’affaiblit beaucoup, car il se renouvelait périodiquement. Ses noces furent donc différées, et il fit au commencement d’Octobre un voyage à Dresde avec son frère et ses parens. Ses parens l’ayant quitté pour voir une de ses sœurs, mariée dans la Haute-Lusace, son frère resta avec lui à Dresde. Il devenait plus faible à vue d’œil, et ayant appris au commencement du mois de Novembre qu’un de ses frères, âgé de quatorze ans, s’était noyé par imprudence, cette nouvelle et la frayeur qu’il en eut, lui causèrent une violente hémoptysie. C’est alors que ses médecins déclarèrent son mal au-dessus des ressources de l’art. Sa fiancée vint le voir à Dresde. À mesure qu’il se sentait plus faible, son désir d’habiter un climat plus méridional devenait plus vif ; il avait formé le plan d’aller habiter quelque temps Clagenfurt en Carinthie, où un de ses amis s’était établi. Mais ses médecins l’en dissuadèrent, craignant qu’il ne fût trop faible pour pouvoir supporter les fatigues d’un tel voyage. C’est ainsi que se passa cet hiver ; au mois de Janvier 1801 il se rendit de nouveau à Weissenfels pour être près de ses parens. C’est en vain qu’on consulta les médecins les plus habiles de Jéna et de Leipzig, sa maladie fit tous les jours plus de progrès. Cependant il était assez heureux pour ne point éprouver des douleurs. Il vaqua encore aux fonctions de son état, écrivit beaucoup dans ses cahiers, et fit des vers ; le second sonnet du Mélange de ses poésies est de cette époque. Il lisait assidûment la Bible et plusieurs écrits de Zinzendorf et de Lavater. Plus il approchait de sa fin, moins il avait de doutes sur sa prochaine guérison ; car la toux avait diminué, et à la lassitude près, il n’avait aucun autre sentiment de maladie. Avec l’espoir et le désir de la vie, ses talens semblaient prendre un nouvel essor ; il s’oc-