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FRÉDERIC DE HARDENBERG,

cupations et des voyages fréquens qu’il était obligé de faire, tenaient presque constamment éloigné de sa famille, se vit obligé de confier l’éducation de son fils aux soins de sa mère et d’un gouverneur qu’on lui avait choisi. L’air de tranquillité que la piété et l’esprit religieux de ses parens répandaient sur toute la maison, fit sur l’esprit de Novalis une impression qui dura toute sa vie, et eut l’influence la plus heureuse sur sa destinée. Après sa maladie, il s’appliqua tellement à l’étude, qu’à l’âge de douze ans il avait déjà de belles connaissances en latin, et même en grec ; sa récréation dans les heures de loisir était la lecture des poètes. Il aimait surtout les contes et il en inventait lui-même, pour les raconter ensuite à ses frères. Il avait imaginé un jeu très-ingénieux, qu’il continuait avec eux pendant des années ; chacun représentait un génie, l’un le génie de la terre, l’autre celui de l’air, le troisième celui de l’eau. Les soirées du dimanche Novalis leur racontait les événemens les plus singuliers et les plus merveilleux qu’il imaginait lui être arrivés comme représentant un des génies de ces trois élémens. Quelques poésies fugitives nous sont restées de cette époque. L’histoire était alors son étude favorite, et il s’y appliqua avec une grande ardeur. Après avoir passé un an au gymnase, il alla étudier en 1788 à Jéna, où il resta jusqu’en 1792. Il visita ensuite avec son frère les universités ; de Leipzig et de Wittemberg, pour y achever ses études. La guerre ayant alors éclaté entre la Prusse et la France, ses parens et ses amis eurent beaucoup de peine à l’empêcher de ne pas faire une campagne. C’est à cette époque qu’il fit la connaissance de Fichte et de Fréderic Schlegel ; ces deux hommes célèbres ont eu la plus grande influence sur la direction de ses études. Le dernier devint bientôt son ami intime. Novalis suivit le cours de philosophie de Fichte avec un zèle, une ardeur extraordinaire. Après avoir quitté Wittemberg il se rendit à Arnstadt, pour