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FRÉDERIC DE HARDENBERG,
DIT NOVALIS.
(Premier article.)

Fréderic de Hardenberg est un des auteurs les plus originaux que l’Allemagne ait produits ; il mourut cependant trop jeune pour que son génie poétique pût se développer dans toute sa vigueur et dans toute son originalité. Les ouvrages qu’il a laissés ne sont pour la plupart que des fragmens. C’est peut-être ce qui explique pourquoi cet écrivain est si peu connu en France, quoiqu’il réunisse au plus haut degré ce qui caractérise les grands poètes de la Germanie moderne. Nous croyons donc nous rendre agréables aux lecteurs de la Nouvelle Revue germanique y en analysant l’ouvrage le plus complet et le plus original qu’il ait laissé, et en traduisant, autant qu’il est possible, les morceaux les plus remarquables. Cet ouvrage est son Henri d’Ofterdingen, qu’il voulait publier en deux volumes, mais dont le premier seul était achevé à l’époque de sa mort. Nous ferons précéder cette analyse par une notice sur sa vie, écrite par Tieck, son ami intime et un des coryphées de ce qu’en France on a appelé si improprement l’école ou la secte romantique. Cette notice est surtout nécessaire aux étrangers, car sans elle la plupart des ouvrages de cet auteur seraient une énigme pour eux. « Ceux qui aiment les écrits de Novalis (c’est le nom sous lequel Hardenberg a publié ses ouvrages), dit Tieck, ont souvent exprimé le désir de connaître quelques détails sur la vie de cet auteur. Quoique peu de poètes aient dans leurs ouvrages, comme dans un miroir, réfléchi aussi clairement et aussi purement l’image de leur âme, que l’a fait Novalis, il est cependant naturel que ses lecteurs aiment à connaître la manière dont son génie s’est développé et les personnes qui l’ont entouré