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qui donne la vie ; l’amour qui ne vient pas de vous et que vous n’avez jamais ressenti. Vous songez à échapper à la destinée, et vous ne la comprenez pas, si la dialectique ne vous en fournit la solution ; ― en attendant les astres roulent paisiblement dans leurs orbites. Vous dégradez, vous déchirez la nature qui vous porte dans ses bras ; mais elle conserve sa jeunesse immortelle ; vous ne changerez ni son automne, ni son printemps, vous n’empoisonnerez pas le souffle qui l’anime.

Oh ! elle doit être divine, parce que vous êtes des artisans de destruction et qu’elle résiste à vos efforts !

C’est un spectacle déchirant de voir vos poètes, vos artistes et ceux d’entre vous qui se prosternent devant le génie du beau ! Les malheureux ! ils vivent comme des étrangers dans leur propre maison, semblables à Ulysse, mendiant au seuil de son palais, et traité de vagabond par une horde de parasites.

Vos jeunes amis des muses sont pleins de joie, d’amour et d’espérance. Sept ans plus tard, ils errent, froids et immobiles, comme des ombres évoquées du noir Tartare ; ils sont comme la terre couverte de sel par l’ennemi qui veut que l’herbe ne pousse plus.

Et s’ils accordent leur lyre, malheur à ceux qui les entendent, qui comprennent leur lutte avec les barbares dont ils sont environnés.

Rien n’est parfait sur la terre ; c’est le dicton des Allemands. À la bonne heure, si ces réprouvés disaient, que chez eux rien n’est parfait, parce qu’ils gâtent tout ce qu’ils touchent, et touchent tout de leurs mains grossières ; parce que rien ne réussit chez eux ; parce qu’ils conspuent la divine nature ; parce que leur vie est pitoyable et discordante ; parce qu’ils méprisent le génie qui ennoblit les actions, qui soulage les peines de la vie, qui entretient la paix dans toutes les classes de la société.