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HYPÉRION OU L’ERMITE DE GRÈCE

par jean-chrétien-frédéric hœderlin


Il est bon d’avoir une bibliothèque à soi et de la passer en revue de temps en temps. Cela ramène à d’anciens amis qu’on avait eu le tort d’oublier pour des nouveaux-venus qui ne les valent pas. Or, dans la dernière inspection que j’ai faite de ma bibliothèque, je suis tombé sur deux modestes volumes qui avaient produit sur moi, il y a plus de vingt ans, une profonde impression. Je me mis à les relire, et je fus frappé, comme à la première lecture, du génie poétique et des nobles sentimens de leur auteur. Voilà, me suis-je dit du vieux qui vaut du nouveau, et j’allai en conséquence aux renseignemens sur Hœlderlin qui a fait ces deux volumes intitulés : Hypérion ou l’Ermite en Grèce. Je ne fus pas heureux dans mes recherches : Hœlderlin, Hypérion, sont des noms presque inconnus dans le monde littéraire. J’appris pourtant de Menzel[1], que Hœlderlin était le poète lyrique le plus distingué parmi ceux du tempérament bilieux, et de Meusel[2] qu’il était entré aux petites maisons de Tubingue en 1806. C’était assez pour piquer ma curiosité ; mais j’eus beau m’adresser aux dictionnaires encyclopédiques et aux histoires littéraires qui coûtent tant d’argent, ils ne m’apprenaient rien sur mon héros. Je pris enfin le parti de consulter un ami de Tubingue, qui s’empressa de me communiquer le peu qu’il savait lui-même de la vie d’un homme aussi distingué que malheureux.

  1. Dans son ouvrage sur la littérature allemande.
  2. Dans son Allemagne savante.