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ANNONCES

tres, et sucent le germe de tous les vices qui travaiUent la société. Heureux encore s’ils ne sortent pas de ces maisons ayant la santé délabrée et perdue pour louiours…

« Demandera-t-on comment il est possible qu’on persiste à suivre un système qui porte des fruits aussi funestes et aussi amers ? Qu’on vienne observer pendant huit ou quinze jours seulement le système d’amour et de persuasion, et on le comprendra sans peine. Quand on aura vu combien ce système de liberté exige de réflexion, d’étude du cœur humain, de surveillance morale et d’abnégation de soiméme, on ne sera sûrement pas étonné de trouver encore si peu d’hommes qui veuillent s’y astreindre. — Oui, elles sont grandes les diflicullés qu’il y a à vaincre, ils sont lien grands les sacrifices qu’exige l’éducation morale des jeunes gens ; mais ces difficultés et ces sacrifices doivent-ils, peuvent-ils effirayer l’homme qui sent la haute importance de ses devoirs ? M’est-il pas temps enfin qu’on prépare un meilleur avenir ? qu’on jette dans les cœurs des générations naissantes les fondemens d’une digue puissante, propre à arrêter un jour ce terrible torrent de l’égoïsme qui s’est emparé des âmes d’une manière si effrayante, et dont nous voyons aujourd’hui plus que j : mais des traces si funestes ? Qu’est-ce qui sera propre à mettre fin à tous les maux qui travaillent Ja société et qni en chassent le bonheur ? On croit généralement encore que ce seront la force ou la rigueur, telles ou telles institutions, telle ou telle forme de gouvernement, tel ou tel principe—tout cela peut y eontribner sans donte ; mais ce ne seront toujours que des palliatifs de la durée d’un jour. Le seul moyen tout-puissant, c’est Y amour. Apprenez aux hommes à s’aimer, rendez-les capables de dévouement, et vous aurez tout fait. Vous les verrez disparaître alors, tes nuages qni s’amoncellent souvent d’une manière si menaçante sur nos têtes, et vous verrez renaître la confiance ; et la paix et le bonheur se plairont à habiter dans les États, dans la société et dans le cœur des individus.

« Mais c’est dans l’âge oh le cœur est ouvert à toutes les bonnes impressions qu’il faut semer ces germes d’amour et de dévouement propres à porter de si beanx fruits. C’est précisément ce que nous tâchons de faire par notre éducation, qui a produit les résultats les plus satisfaisans :

« 1.o Elle m’a valu l’affection et la confiance de tous mes élèves, et par cela seul l’esprit d’opposition et le plaisir de tromper sont restés étrangers k notre maison ; j’ai nbteno l’avantage immense de rendre les enfiuis francs et véridiques, et de les préserver dn mensonge… —

« 2.o Elle m’a aidé non-seulement k prévenir des fautes, mais aussi k corriger les élèves de leurs défanU et k les rendre meilleurs….

« 3.° Elle offre le plus de garantie pour l’avenir. On n’aura pas k craindre que les jeunes gens abusent un jonr si facilement de ia liberté, parceqn’ils savent ce que c’est que la liberté ; on leur en a accordé autant que le permettait ie degre’d’empire qu’ils avaient sut eux, car iis ont appris k se gouverner eux-méme.v.

« 4.’’Un dernier résultat qu’on obtient par cette éducation est qne les enfans sont beaucoup phis heureux qu’avec toute autre. Résultatnon raoiusimportant pour la santé des élèves que pour leurs progrès intellectuels et moraux. L’état de notre ame exerce toujours une influence directe sur notre corps, et celui qui se sent content est bien plus, disposé an travail, et ouvre plus facilement son cœur à toutes les bonnes impressions que celui qui ne l’est pas. Qne de fois j’ai été tonché en voyant mes élèves se livrer au plaisir de si bon cœur, en considérant la sérénité qni les a rarement abandonnés ! ” — F. B.